Ô ma douce égérie

Ô ma douce égérie
Tu es si loin de moi
Où est ma force?
Où sont mes mots?

Qu'est-il advenu
De toutes mes sensations;
Cette douce passion
Qui me prenait?
Cette douleur dans mon ventre
Qui n'avait de cesse
Qu'une fois rédigée.

Où est la tendre folie
Dans laquelle je me noyais
Tel un ivrogne dans l'absinthe?
Où sont les larmes de mon coeur?

Je ne ressens plus cette peine
Qui tant de fois
Fit mon encre couler
Tels des pleurs salés.

Les seules taches d'encre
Sur la douceur de mon papier
Sont les vestiges de ma plume
En mal de brise pour s'envoler.

Où est le vent de panique
Qui secouait le navire?
Ces fortes goulées d'air
Qui gonflaient sa voilure
Pareil au désir de l'amante
Qui bombe sa poitrine
Sous les caresses et la volupté
De celui qui la courtise.

Ma main cours sur le papier
Comme un fou isolé
Qui ne reconnait plus son monde
Qui recherche la foule et qui panique.

Ma feuille est un désert aride
Quand avant elle était campagne luxuriante.

Et mon stylo s'affolle
De ne pas retrouver
Cette facilité
Cette aisance
A courir librement.


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Coralie, 13 novembre 1995